Damage control

Trois jours pour se préparer au pire grâce au damage control

Médecins, infirmiers, pompiers et policiers ont participé pendant trois jours au Medical Training Center, à un programme de formation théorique et pratique ainsi qu’à un exercice grandeur réelle de prise en charge des victimes d’attentats.

Le damage control est une stratégie de prise en charge des victimes en choc hémorragique visant à prioriser les gestes d’hémostase. Appliqué aux blessures par armes de guerre lors des attentats, il s’agit en fait d’un concept issu de la marine américaine. « Par analogie, lors d’une voie d’eau dans une coque d’un navire, on n’arrivera pas à l’obstruer mais à la limiter pour arriver rapidement à bon port », explique le Dr Cédric Damm, médecin anesthésiste-réanimateur et responsable du centre d’enseignement des soins d’urgences (CESU) du CHU.

C’est dans un amphi du MTC plein à craquer que les intervenants – professionnels de santé, policiers du RAID, médecins et chirurgiens militaires – sont venus présenter leur expérience terrain, notamment dans la gestion des attentats parisiens de 2015.

Une formation grandeur nature

Médecine tactique, organisation des plans de secours, préparation psychologique en situation de catastrophe, dénombrement, identification, suivi de santé et accompagnement des victimes…, des sujets très concrets pour lesquels il est préférable d’être formés pour mieux les gérer si l’on y est confronté.

Le deuxième jour, en ateliers, les 45 participants à la formation damage control se sont entraînés à poser des dispositifs intra-osseux et à réaliser les principaux gestes d’urgence sur corps donnés à la science, à apprendre à gérer un afflux massif de victimes aux urgences en s’appuyant sur un serious game (Traumasims©), à voir ou revoir les procédures radio, à simuler des situations de catastrophes et à coordonner un plan Orsec « Nombreuses victimes » lors d’un jeu de rôles développé au CHU.

Le troisième jour, un exercice grandeur nature a mobilisé une cinquantaine de policiers de la CDI et de la BAC 76, les stagiaires et des sapeurs-pompiers… Pendant plus de deux heures, le MTC a été le théâtre d’une prise d’otages simulée où trente-huit cadets de l’école de police d’Oissel et les élèves infirmiers anesthésistes ont joué les otages. Explosions à blanc, hurlements simulés, l’assaut s’est déroulé de manière coordonnée. Les terroristes ont été maîtrisés et les blessés graves, extraits du MTC aux couloirs enfumés, soignés à même le sol puis évacués par différents moyens, dont l’hélicoptère du CHU.

« Il s’agit là d‘une chirurgie de sauvetage : le chirurgien dispose d’une heure seulement pour faire l’hémostase. Il faudra ensuite réopérer dans les 24 à 48 heures pour compléter le geste », précise Philippe Rinieri, chirurgien thoracique au CHU qui a suivi cette formation unique en France.